-Dans 8 -9, « καί εύθύς » est une expression typiquement marcienne : 41 en Marc, 18 en Matthieu, 7 en Luc. Jésus connaît (έπιγνούς, connaissant, percevoir exprime une connaissance de type surnaturel) en son esprit (τώ πνεύατι, par l’esprit, intérieurement) les pensées des scribes. Il connaît ce qui se passe dans le cœur de ces hommes. Par une contre-question qui reprend les termes du verset 6, il répond à l’accusation formulée contre lui. Il l’exprime « sous forme d’alternative (v.9) et par un raisonnement a maiore ad minus : qui peut le plus peut le moins. Le « plus » c’est le fait de guérir d’un mot un paralytique ; le « moins », c’est la parole de pardon dont l’effet est indémontrable. Jésus se fait fort d’accomplir le « plus » pour prouver le « moins »[2]. Une partie de la parole utilisée pour opérer la guérison est citée d’avance. On observe une redondance dès le verset 5b du terme « tes péchés te sont pardonnés ». Jésus utilise un style rabbinique pour défier ses interlocuteurs. Il lui reste à faire la démonstration de l’efficacité de son affirmation et de ses paroles. Ses paroles sont-elles légitimes ?
-Versets 10, « ίνα » est une liaison fréquente chez Marc 57 : Mt 33 et Luc 39. Le sens du miracle apparaît. L’œuvre puissante a pour seul but de prouver que « le Fils de l’homme »[3] a le pouvoir de remettre les péchés[4]. La guérison est au service d’une déclaration de haute portée christologique[5]. Dans ce verset, nous avons le thème de l’autorité important chez l’auteur et déjà présent en 1, 22 et 27. Le titre (cf. 2, 28 Εξουσία ουίος του άνθρώπου ) Fils de l’homme[6] est en lien avec ce thème. À travers le titre « Fils de l’homme » (v.10),[1] Pour Patrice Rolin, Marc recadre l’ensemble des manifestations d’opposition à Jésus dans la perspective de la Passion par la mention de l’accusation de blasphème. Patrice Rolin, Op. Cit., p.48.
[2] Simon Legasse, Op. Cit., p.173.
[3] En Marc, Le titre de Fils de l’homme appliqué à Jésus terrestre ne désigne pas une carrière souffrante et mortelle : Cf. 8, 31 ; 9, 9.12.31 ; 10,33 ; 14, 21.41. En 2, 28, Jésus revendique sous ce titre une autorité inouïe sur le sabbat.
[4] L’expression « sur la terre »fait défaut dans certains témoins. En l’acceptant, on peut dire que Dieu ratifie le pardon octroyé par Jésus sur terre. L’expression est vue comme une contamination à partir des textes de Luc et Matthieu. Elle rejoint la sentence de Matthieu 18, 18 ; son dérivé est au bénéfice de Pierre en Matthieu 16, 19 (opposition de « sur la terre » à « dans les cieux ». Simon Legasse, Op. Cit., p.174.
[5] Ibid., p.173.
[6] Ce titre n’apparaît dans le Nouveau Testament que dans les Évangiles (Mt 31 / Mc 14 / Lc 26 / Jn 13) et en Ac 7, 56 qui cite Dn 7, 13 (En effet en He 2, 6-qui cite Ps 8, 5- et en Ap 1,13 et 14, 14- où comme en Ezéchiel une centaine de fois l’expression est « fils d’homme, signifie simplement homme »). On retrouve ce personnage dans la source Q53, où il a un caractère apocalyptique prononcé. Hormis en Dn 7, la mention d’un personnage eschatologique nommé « fils d’homme » se retrouve dans les écrits intertestamentaires, le « fils d’homme » des Paraboles d’Hénoch : 1Hén 46 ; 48, 2s. ; 62, 7.14 ; 69, 27-29 ; 71, 13s. qui est sans doute dépendant de Dn 7, 13, et que certains considèrent déjà comme un texte chrétien ; et en 4Esdras 13 (« comme une image d’homme »). Dans le Testament des douze patriarches, l’expression « fils d’homme » revient plusieurs fois (Lévi II, 4 ; III, 10 ; Zabulon IX, 8), mais il semble que ce soit dans le sens « homme ». Cf. Patrice Rolin, Op. Cit., p.99.