-Versets 10, « ίνα » est une liaison fréquente chez Marc 57 : Mt 33 et Luc 39. Le sens du miracle apparaît. L’œuvre puissante a pour seul but de prouver que « le Fils de l’homme »[1] a le pouvoir de remettre les péchés[2]. La guérison est au service d’une déclaration de haute portée christologique[3]. Dans ce verset, nous avons le thème de l’autorité important chez l’auteur et déjà présent en 1, 22 et 27. Le titre (cf. 2, 28 Εξουσία ουίος του άνθρώπου ) Fils de l’homme[4] est en lien avec ce thème. À travers le titre « Fils de l’homme » (v.10), une allusion est faite au personnage de Daniel qui reçoit tout pouvoir de l’Ancien des jours, de sorte que l’autorité de Jésus sur le Sabbat (voir aussi 2, 28) et la Loi est absolue. Le « Fils de l’homme » est un être choisi par Dieu et doté sur terre par lui d’une autorité exceptionnelle. L’autorité pour Jésus de pardonner les fautes en ce bas monde, vient de Dieu. La guérison du malade la confirme. Les trois derniers mots du verset 10 attestent un récit de miracle (contrairement au début du verset qui est une part intégrante de récit de controverse). La fin du verset reprend une formule énoncée au verset 5. Il le rejoint.
* Versets 11-12 - A la suite de l’annonce du pardon des fautes du malade, ce dernier reçoit un ordre du guérisseur. Mais la controverse a changé l’optique du récit. « La guérison devient preuve tangible de l’invisible pardon »[5]. La parole du verset 11 se retrouve en Jn 5, 8b, 11, 12 dans le récit de guérison du paralysé de Bethsaïda. La parole qui opère la guérison est déjà utilisée dans le verset précédent. Elle est autoritaire et l’ordre est exécuté immédiatement (εύθύς). La démonstration de la guérison est complète et l’effet est immédiat. Les personnes présentes, hormis les Scribes[6], sont saisies de stupeur (έξίστασθαι en 5, 42 et 6, 51) et glorifient Dieu (δοξάζειν) et non Jésus. Une conclusion qui entre dans la ligne de la christologie exprimée dans le pardon déclaré au v.5b et qui prend en compte toute la scène. Au verset 12, le malade ou l’infirme obéit aux directives reçues. Il porte son «κράβαττος » (terme appartenant à un langage familier, sorte de brancard ou de natte, kliné dans les parallèles). La guérison du malade, suite à la parole du pardon annoncé décide que Jésus n’est pas un imposteur mais un envoyé de Dieu. Ainsi, en déclarant remettre les péchés, Jésus fournit la preuve du pouvoir divin qu’il s’attribue par la guérison instantanée du paralytique. Il a l’autorité suffisante pour pardonner les péchés. Il revendique donc une prérogative divine qu’il exerce comme homme sur terre, ainsi que Dieu l’exerce dans les cieux. Marc souligne
[1] En Marc, Le titre de Fils de l’homme appliqué à Jésus terrestre ne désigne pas une carrière souffrante et mortelle : Cf. 8, 31 ; 9, 9.12.31 ; 10,33 ; 14, 21.41. En 2, 28, Jésus revendique sous ce titre une autorité inouïe sur le sabbat.
[2] L’expression « sur la terre »fait défaut dans certains témoins. En l’acceptant, on peut dire que Dieu ratifie le pardon octroyé par Jésus sur terre. L’expression est vue comme une contamination à partir des textes de Luc et Matthieu. Elle rejoint la sentence de Matthieu 18, 18 ; son dérivé est au bénéfice de Pierre en Matthieu 16, 19 (opposition de « sur la terre » à « dans les cieux ». Simon Legasse, Op. Cit., p.174.
[3] Ibid., p.173.
[4] Ce titre n’apparaît dans le Nouveau Testament que dans les Évangiles (Mt 31 / Mc 14 / Lc 26 / Jn 13) et en Ac 7, 56 qui cite Dn 7, 13 (En effet en He 2, 6-qui cite Ps 8, 5- et en Ap 1,13 et 14, 14- où comme en Ezéchiel une centaine de fois l’expression est « fils d’homme, signifie simplement homme »). On retrouve ce personnage dans la source Q53, où il a un caractère apocalyptique prononcé. Hormis en Dn 7, la mention d’un personnage eschatologique nommé « fils d’homme » se retrouve dans les écrits intertestamentaires, le « fils d’homme » des Paraboles d’Hénoch : 1Hén 46 ; 48, 2s. ; 62, 7.14 ; 69, 27-29 ; 71, 13s. qui est sans doute dépendant de Dn 7, 13, et que certains considèrent déjà comme un texte chrétien ; et en 4Esdras 13 (« comme une image d’homme »). Dans le Testament des douze patriarches, l’expression « fils d’homme » revient plusieurs fois (Lévi II, 4 ; III, 10 ; Zabulon IX, 8), mais il semble que ce soit dans le sens « homme ». Cf. Patrice Rolin, Op. Cit., p.99.
[5] Simon Legasse, Op. Cit., p. 175.
[6] Cf. Marc 2, 16 où les scribes reviennent vite à la charge.
[6] Ce titre n’apparaît dans le Nouveau Testament que dans les Évangiles (Mt 31 / Mc 14 / Lc 26 / Jn 13) et en Ac 7, 56 qui cite Dn 7, 13 (En effet en He 2, 6-qui cite Ps 8, 5- et en Ap 1,13 et 14, 14- où comme en Ezéchiel une centaine de fois l’expression est « fils d’homme, signifie simplement homme »). On retrouve ce personnage dans la source Q53, où il a un caractère apocalyptique prononcé. Hormis en Dn 7, la mention d’un personnage eschatologique nommé « fils d’homme » se retrouve dans les écrits intertestamentaires, le « fils d’homme » des Paraboles d’Hénoch : 1Hén 46 ; 48, 2s. ; 62, 7.14 ; 69, 27-29 ; 71, 13s. qui est sans doute dépendant de Dn 7, 13, et que certains considèrent déjà comme un texte chrétien ; et en 4Esdras 13 (« comme une image d’homme »). Dans le Testament des douze patriarches, l’expression « fils d’homme » revient plusieurs fois (Lévi II, 4 ; III, 10 ; Zabulon IX, 8), mais il semble que ce soit dans le sens « homme ». Cf. Patrice Rolin, Op. Cit., p.99.