TEXTE DE Marc 1, 21-28
UNE ETUDE BIBLIQUE ET THEOLOGIQUE 2
¡ Analyse/Explication
* Versets 21-22 : La journée de Capharnaoum[1] (village de Nahum ou village de la consolation). Les disciples sont associés à l’entrée de Jésus dans la synagogue. Jésus est en compagnie de disciples (v.29) qui entrent avec lui à Capharnaüm. Le cadre de la DELIVRANCE ou de l’exorcisme est la synagogue où Jésus pénètre avec les disciples, le sabbat y ayant réuni la population locale. Les disciples s’effacent du récit pour ne réapparaître qu’au v. 29. La mention de Capharnaoum et de l’enseignement donné par Jésus à la synagogue de cette ville (v.21) sont un sommaire composé par l’évangéliste pour marquer la progression du récit. L’entrée dans la ville prépare la sortie des versets 35ss. « Тος σάββασιν » (datif pluriel) au lieu de « το σάββατον » car les mentions des jours de fête sont fréquemment au pluriel pour désigner une seule célébration (Mc 6, 21 ; 14, 1 ; Jn 10, 22). « Συναγωγή » (réunion, assemblée, réunion religieuse des Juifs, l’édifice où celle-ci se tient).
Les versets 21-22 sont liés par la notion d’enseigner (21-έδιδασκεν, 22- διδαχη, διδακων) dans un cadre approprié (la synagogue) et un jour précis (le sabbat). Le terme « Διδάσκειν » est souvent appliqué en Mc à Jésus (16 fois). Le maître est appelé « διδάάσκαλος (12fois). Le fait d’enseigner se distingue ainsi du « proclamer » (κηρύσσειν). L’enseignement évoque la précision et plus de détails. Il se réfère à l’Écriture et se caractérise par un public moins nombreux. Marc reprend le thème de l’étonnement figurant à la fin des récits de miracle pour l’appliquer à la prédication de Jésus[2], qui appelle la même stupeur admirative que les guérisons. La sensation provoquée par l’enseignement de Jésus est mentionnée plusieurs fois en Mc (1, 27 ; 6, 2. 10, 24 et 32 ; 11, 18 ; 12, 17). Jésus donne un enseignement dont on connaît la qualité par la réaction de l’auditoire (V22). La foule est sidérée (Ekpléssesthai, effroi, admiration) parce que cet enseignement n’a rien à voir avec celui des Scribes. Jésus enseigne comme ayant autorité, contrairement aux Scribes. Il a reçu mandat de Dieu pour ce faire, à l’inverse des Scribes[3].
Ici, il est question de l’enseignement de Jésus. Son enseignement est mis en évidence. Jésus enseigne avec autorité et pas comme les Scribes. Cela sous-entend une comparaison entre l’enseignement de Jésus et celui des Scribes que recevait l’auditoire. Une opposition est mise en lumière entre la façon d’enseigner de Jésus et celle des Scribes. De façon indirecte, l’évangéliste veut présenter Jésus comme un enseignant différent des autres (il a un plus γαρ διδακων αύτους ως εξουσιαν έχω καί οίκ ως οί γραμματεις). Les « γραμματεις » (lettrés) sont les rabbins dûment ordonnés qui avaient la charge de transmettre et commenter la Loi orale tout en interprétant la loi écrite. Ces soferim[4]avaient une incontestable autorité, mais tenaient celle-ci de la tradition dont ils étaient les interprètes. Ici, l’autorité que Jésus détient comme enseignant vient directement de Dieu, comme celle des prophètes (Cf. Mt 5, 17-48), de sorte que sa doctrine peut-être qualifiée de « nouvelle » (1, 27). Ce qui pourrait susciter le doute ou l’opposition chez un rabbin devient chez Jésus une garantie d’authenticité puisqu’il use de l’autorité (έξουσια) que Dieu lui confie[5].
* Verset 23-24 : Un fait inattendu coupe la parole à Jésus au sein de la synagogue[6] des Juifs. Un homme ayant un esprit impur intervient bruyamment. « πνευμα άκάθαρτον (esprit mauvais, sale, impur, 11 fois en Mc – il utilise 11fois δαιμόνιον). La littérature rabbinique ...A SUIVRE
[1] La leçon « Кαπερναούμ » attestée par quelques manuscrits en oncilae (A, C, L etc.) et quelques minuscules de bonne qualité (Famille 1) est écartée au profit de la leçon la mieux attestée dans les onciaux, retenue aussi dans les versions latines, « καφαρναούμ », plus proche de la forme sémitique du nom de cette localité (v.21). Etienne Trocmé, Op. Cit., p.48.
[2] K. Tagawa, Miracles et évangile, 1966, Paris: Presses Universitaires, pp. 88-92.
[3] Simon Legasse, Op. Cit., p.125.
[4] C. Schams, Jewwish Scribes in the Second Temple Period, 1999, Sheffield (Journal for the study of the Old Testament, Supplement Serias 291).
[5] E. Trocmé, Op. Cit., p.51.
[6] Simon Legasse, Ibid., p.125. La synagogue des Juifs sous-entend que la communauté chrétienne a ses propres lieux de culte, distincts de ceux où s’assemblent les Juifs. Cette expression traduit une séparation désormais consommée.
[1] R. Bultmann, Op. Cit., pp.273-279.