Un Réveil aux îles Hébrides et son enseignement (3éme Partie)
par F. B.
4. Caractéristiques de ce réveil
Peut-être la caractéristique la plus marquante de ce réveil fut-elle le sentiment profond de la présence et de la sainteté de Dieu, sentiment si intense que personne n’osait bouger! Un jour, un jeune converti parla à un jeune homme incrédule; ce dernier fut à tel point touché qu’il se mit à trembler. Cherchant à secouer l’angoisse qui l’avait saisi, il se rendit au café voisin; mais, il trouva des hommes qui s’entretenaient de l’état de leur âme. "Ce n’est pas ici que je pourrai me débarrasser de mon angoisse, se dit-il, allons plutôt danser". Il n’était pas entré depuis cinq minutes dans la salle de danse qu’un camarade lui dit: "Où passerions-nous l’éternité si Dieu nous frappait aujourd’hui?". Partout régnait ce même sentiment de la présence de Dieu et de l’importance capitale de l’éternité. Ne pouvant échapper plus longtemps à cette présence, le soir même ce jeune homme prit la décision de se donner au Seigneur. D’autres exemples semblables pourraient être cités en grand nombre.
Une autre caractéristique du mouvement fut la conviction profonde de péché, qui se manifestait souvent d’une manière terrible. Lorsque l’Esprit Saint commence à dévoiler le péché et à l’exposer à sa lumière divine, l’homme s’effondre sous son action et demande ardemment le pardon de Dieu. Il reconnaît qu’il est un pécheur perdu, ne méritant que jugement et condamnation. Même la présence de tierces personnes ne l’empêche aucunement de confesser ouvertement sa faute. Ainsi ébranlé, le pécheur repentant perçoit la voix de Dieu qui l’assure qu’en Jésus-Christ il y a un plein salut et un plein pardon. Ce qu’il lui faut alors, c’est saisir ce pardon par la foi, comme un noyé saisit une bouée de sauvetage. Le lourd fardeau de son sentiment de culpabilité tombe alors et une paix ineffable remplit son cœur qui déborde de louange et de reconnaissance.
Il y a également lieu de relever que ce mouvement de l’Esprit aux îles Hébrides ne fut pas lié à la présence d’un instrument humain. Certes, Dieu utilisa les messages de Duncan Campbell pour convaincre les gens de la nécessité d’une conversion personnelle. Mais il ne fut fait appel ni à une décision ni à la confession. Le Saint-Esprit lui-même convainquait de péché et amenait les âmes à un contact vivant et réel avec le Seigneur. On constata à maintes reprises que les gens étaient saisis par la puissance de Dieu n’importe où: au travail, dans les plaisirs ou souvent même avant de pénétrer dans la maison de Dieu. De nombreux témoignages le prouvent, tel l’exemple suivant: Un soir, alors qu’il conduisait un autocar vers le lieu de la réunion, le chauffeur arrêta subitement son véhicule au bord de la route. Il avait été saisi par l’Esprit de Dieu et il lui était impossible de continuer son chemin. Quant aux quarante-huit voyageurs, eux aussi se trouvaient sous une profonde conviction de péché. En quelques minutes, l’autocar fut transformé en un lieu de prière. Trois heures durant, il resta ainsi au bord de la route, tandis que les occupants se convertissaient les uns après les autres. En raison de l’heure tardive, la course fut renvoyée à un autre soir. Ainsi, sans l’intermédiaire d’aucun homme, Dieu avait accompli, par son Esprit, ce qu’il aurait fait ailleurs par le moyen d’un instrument humain.
5. Les fruits du réveil
On s’est demandé, non sans raison, quels ont été les fruits de ce réveil. Des individus et des églises ont-ils été vraiment transformés? Dans quelle mes ure le niveau spirituel de l’Église a-t-il été influencé? Un réveil marque le commencement d’une nouvelle vie et seul l’avenir peut révéler si les effets en sont durables. Mais ce que nous apprenons aujourd’hui sur les Hébrides est si magnifique que nous ne pouvons que louer les hauts faits de notre Dieu! Voici un exemple qui nous aidera à saisir la profondeur de ce mouvement.
"Au village d’Arnol" rapporte Duncan Campbell, "nous rencontrâmes une certaine résistance. Des quatre à cinq cent habitants, quelques-uns seulement assistèrent à la réunion, en sorte que l’église fut plutôt remplie d’auditeurs venus d’autres localités. La jeunesse, en particulier, s’était abstenue. Elle préférait s’adonner à la boisson ou au braconnage. Nous suppliâmes Dieu par d’ardentes prières et, de nouveau, le Seigneur se révéla comme le grand vainqueur. Après la réunion, étant entré dans une maison pour y demander une boisson désaltérante, je trouvai la maîtresse de maison prosternée devant Dieu avec sept autres dames et dans une grande angoisse. Pendant que nous étions en prière, Dieu avait agi dans ces cœurs. Ce qui se passa dans cette maison se produisit également dans presque toute la localité, en l’espace de quarante heures. Le café fut fermé selon le désir des habitants et il le restera pour toujours. Le village a été complètement transformé et quiconque le parcourt aujourd’hui y respire la présence de Dieu.
Un changement très marqué s’est également manifesté en ce qui concerne l’assistance au culte et aux réunions de prière. La Parole de Dieu est reçue avec joie, lue avec avidité, tant elle est devenue pour ces gens une force vitale dont ils ne sauraient plus jamais se passer. Ainsi est né le besoin de prolonger les réunions au-delà de l’heure habituelle. Les rencontres de prière sont bien plus fréquentées qu’auparavant. Une enquête faite dans un district révèle que sur cent personnes nouvellement converties, quatre dames seulement n’assistent pas à la réunion de prière. Aujourd’hui, à Arnol, les jeunes gens sont les plus zélés, alors qu’autrefois ils étaient toujours au café. Le principal sujet d’intercession est le salut des âmes encore inconverties. La conscience du danger dans lequel elles se trouvent éveille l’ardent désir de les en arracher. Des chrétiens précédemment endormis sont devenus maintenant des gagneurs d’âmes; des églises jadis mortes sont désormais des communautés vivantes, une lumière et un témoignage pour le monde.
On comprendra sans peine que, parmi une population qui a commencé à vivre pour Dieu, le culte de famille soit devenu la règle générale, que des dissensions sociales se soient éteintes, que l’ivrognerie, l’oisiveté, l’immoralité et le vol aient disparu comme emportés par un courant purificateur. La critique s’est élevée contre certaines manifestations du mouvement. Cependant, les faits sont suffisamment éloquents pour justifier l’opinion qu’un renouveau du Saint-Esprit est la seule réponse à la détresse de notre temps. Le rapport que fit Duncan Campbell à la Convention de Keswick – en Angleterre – et dont nous avons tiré la plupart de nos informations, conclut en disant: "Nous pouvons organiser des réunions, des conférences et des rencontres, mais ce qu’il nous faut avant tout, c’est une nouvelle manifestation de la puissance de Dieu, laquelle convaincra si intensément les hommes de leurs péchés qu’ils commenceront à rechercher Dieu. Tant que nous n’aurons pas mis notre vie en ordre, nous ne verrons pas le réveil".