
Elles ne peuvent pas atteindre l’Enseignant à cause de la foule. La foule devient le premier obstacle pour la guérison du malade (v. 4a). Mais loin de les décourager, la détermination des quatre porteurs les conduit à une réflexion plus approfondie. Comment franchir cet obstacle ?
Ils découvrent le toit de la maison (άπεστέγασαν de στέγη, toit, hapax du NT) à l’emplacement précis où Jésus se trouve. À travers l’ouverture (έξορύξαντες, ayant creusé ou ayant fait un trou) ils font descendre le lit où gît le malade. Il y a un assentiment du malade et des porteurs dans la capacité de Jésus à accorder la guérison. Leur acharnement est récompensé. Le paralytique est le centre d’intérêt dans cette articulation. Sa présence est importante.
* Verset 5-10 : Au verset 5, Jésus apprécie leur détermination à aller jusqu’au bout comme un acte de foi. Jésus y apporte une réponse empreinte de compassion. La foi (πίστις), 5 fois en Marc contrairement au verbe πιστευειν qui y est fréquent. La « foi » est toujours associée aux miracles, soit chez les bénéficiaires de ceux-ci, soit comme l’attitude des thaumaturges potentiels que sont les disciples (4,40 ; 11, 22)[1]. La totale confiance des porteurs et du paralytique frappent Jésus. Il s’adresse à l’infirme qui pourrait être un enfant (τέκνον) et fait inattendu, il lui annonce que ses péchés lui sont pardonnés[2] (άφίενταί v. 5 et 9 - forme passive) et implique par périphrase, l’action de Dieu[3] (άφιέναι, pardonner) dont l’effet est supposé réalisé quand Jésus parle[4]. Donc, la formule ici au passif attribue à Dieu la remise des péchés (v.5b). Elle est bien différente de la formule du v.10 qui attribue ce pouvoir à Jésus sur terre. Le pouvoir de remettre les péchés ne peut appartenir qu’à celui qu’ils offensent, Dieu, mais un homme peut très bien déclarer au nom de Dieu qu’il a pardonné les
[1] Etienne Trocmé, Op. Cit., p. 66.
[2] L’idée que la maladie ou de la mort est due à des péchés commis par le malade ou le défunt était courante dans la littérature israélite (Cf. Psaumes 37, les amis de Job) et avait sa place parmi les disciples de Jésus (Luc 13, 1ss et Jean 9, 2-3). Elle rejoint la notion que toute maladie et tout décès sont dus à des sorts jetés sur la victime. Cf. E. Trocmé, Idem.
[3]Cf. J. Jeremias sur le « passif divin » dans Abba. Studien zur neutestamentlichen Théologie und Zeitgeschichte, 1966, Göttingen: Vandenhoeck & Ruprecht, pp.16-22.
[4] Simon Legasse, Op. Cit., p169.
[1] Ibid., p.35.
[2] L’apparat critique signale un flottement dans l’ordre des mots de ce verset, mais l’ordre retenu est attesté par P88, N, B,…