Un Réveil aux îles Hébrides et son enseignement (2ème partie)
2. Une vocation
Nous ne possédons que peu de renseignements sur le serviteur que Dieu choisit pour apporter son message aux îles Hébrides. Il enseignait autrefois la doctrine chrétienne au collège de la "Faith Mission". Puis, Duncan Campbell se sentit appelé au travail d’évangélisation, le Seigneur lui ayant accordé le don d’évangéliste, don qui fut confirmé plus tard par les fruits manifestes de son ministère. Un matin, alors qu’il méditait dans son cabinet de travail, l’Esprit du Seigneur vint sur lui, d’une manière tranquille, provoquant un profond examen de conscience et de cœur, tout en lui donnant une vision toute nouvelle de l’horreur de l’enfer. Il vit les hommes précipités dans le gouffre de feu, le monde s’élancer vers la perdition éternelle. Ainsi Dieu avait préparé son instrument pour proclamer avec ardeur le message du jugement divin. Campbell réalisa que, selon les promesses de Dieu, de nouvelles possibilités d’action s’offraient à lui. Était-il prêt à en payer le prix par une obéissance inconditionnelle? Si oui, il expérimentait d’une manière encore plus grande l’action et la puissance du Saint-Esprit dans ses prédications.
Dès ce jour, son message change du tout au tout. Affranchi de toute crainte et rempli de la puissance de Dieu, il annonce avec un profond sérieux les jugements qui approchent et exhorte ses auditeurs à fuir la colère à venir. Ses paroles deviennent plus incisives, même enflammées et dramatiques. Il parle avec conviction, dans un langage très simple. Dieu lui a montré comment s’adresser au peuple. "L’Esprit-Saint", dit-il "est le meilleur des maîtres; pour posséder sa puissance, nous devons être réellement en règle avec Dieu. Il faut obéir aux lois spirituelles contenues dans les Saintes Écritures!". Il souligne particulièrement l’importance du sang de Jésus qui affranchit du péché et garde le cœur pur.
Cet homme, âgé de près de 60 ans, d’aspect viril, donne l’impression d’une grande humilité et d’un parfait naturel. Il marche avec Dieu d’une manière constante; à son contact, on éprouve la présence divine. En face de la situation désespérée dans laquelle se trouve le monde, il compte sur la grâce de Dieu pour pardonner le péché et l’égarement des hommes. Il attend de lui une puissante intervention.
3. Le réveil
C’est dans l’attente des grandes choses qui devaient se passer que les anciens de l’Église de Barvas reçurent Duncan Campbell; ces hommes avaient osé croire que Dieu répondrait à la prière persévérante. La première réunion ne présenta rien de particulier. Le chant fut satisfaisant, une certaine liberté se manifesta dans la prière en commun, ce fut tout. À la fin de la rencontre, un homme s’approcha de Campbell; c’était un de ceux qui avaient prié dans la grange. "Ne vous découragez pas!" dit-il, "le réveil vient, j’entends déjà le bruit des chariots de Dieu". Là-dessus, il proposa de passer la nuit en prière dans une maison voisine.
"Nous étions une trentaine, raconte Campbell, pour demander l’intervention de notre Dieu. À 3 heures du matin, l’Esprit du Seigneur descendit sur l’assemblée. Je les vois encore, ces hommes et ces femmes terrassés. Nous savions alors que Dieu s’était rendu maître de la situation et avait repoussé les puissances des ténèbres afin que des âmes puissent être libérées. Lorsque nous quittâmes la maison, nous constatâmes que l’Esprit de Dieu était partout à l’œuvre. Chaque maison était encore éclairée, personne ne pensait dormir. Partout il y avait des hommes dans l’angoisse, cherchant Dieu. Dans la rue, j’en rencontrai trois, prosternés devant le Seigneur, invoquant son pardon".
Rien d’étonnant à ce que, le soir suivant, l’église fût pleine lorsque Campbell y entra. Un grand nombre d’autocars étaient arrivés dans la journée de toutes les parties de l’île. Une camionnette de boucher amena sept hommes d’une distance de vingt-cinq kilomètres environ. Cette même nuit, ils se convertirent tous les sept. Qui les avait appelés? Dieu a ses moyens propres et merveilleux pour attirer les hommes à lui. L’Esprit œuvrait puissamment, convainquant les hommes de péché, de sorte qu’ils criaient à Dieu pour obtenir grâce. Lorsque, tôt le matin, Campbell quitta l’église, un messager lui apprit qu’à l’autre extrémité de la localité, des gens étaient saisis d’une grande détresse morale. Il se hâta d’y aller. Sous le ciel étoilé, des hommes et des femmes, qui n’avaient pas assisté à la réunion, étaient agenouillés au bord du chemin, cherchant la paix avec Dieu. Une œuvre profonde avait commencé.
"Cela continua ainsi, écrit Campbell, pendant cinq semaines. Dans une église, il y avait une réunion à dix-neuf heures, dans une autre à vingt-deux heures, et dans une troisième à minuit; après cela, je me rendais de nouveau dans la première église, d’où je sortais habituellement vers cinq ou six heures du matin, fatigué, mais rempli de joie de me savoir engagé dans un tel mouvement de l’Esprit de Dieu. Je restai cinq semaines à Barvas. Ensuite le feu gagna les localités voisines et se propagea jusqu’aux régions les plus éloignées".
Tout ceci se passait dans l’île Lewis, forteresse d’un certain calvinisme aussi froid que rigoriste, où il semblait impossible qu’un renouveau pût jamais se produire, surtout si l’on considère que ses habitants s’expriment avec une grande réserve sur tout ce qui touche à la religion, ne faisant pas volontiers état de leurs sentiments personnels dans ce domaine. Seule la puissance de Dieu n’est pas limitée par les tendances et les traditions des hommes.
En mai 1952, Duncan Campbell fut envoyé par Dieu dans une autre île qu’il ne connaissait pas, celle de Berneray Harris, au sud de l’île Lewis. Sans tarder, il se mit en route. Peu après son débarquement, un homme l’arrêta dans la rue, lui demanda son nom et s’écria: "Dieu soit loué, je lui avais demandé de vous envoyer chez nous, afin que le réveil éclatât aussi parmi nous. Maintenant, je sais que ma prière est exaucée!". Des réunions furent organisées dans l’église presbytérienne. Pourtant, le premier soir, l’atmosphère était pesante; les paroles semblaient vaines. Campbell se décida alors à envoyer un télégramme à l’île Lewis, pour demander l’aide de quelques intercesseurs, notamment le jeune Donald Smith. Ce dernier, âgé de dix-sept ans, est rempli de l’Esprit de prière d’une manière remarquable. Campbell l’a surnommé l’Evan Roberts de Lewis, tant il lui rappelle celui dont Dieu se servit lors du réveil du Pays de Galles. Smith est un jeune homme calme et ouvert. Ce qui le caractérise, c’est sa profonde crainte de Dieu; il mène une vie de prière exceptionnelle, passant quotidiennement plusieurs heures dans la présence du Seigneur, dans laquelle il est du reste constamment. Dieu l’emploie comme autrefois Finney pour convaincre les âmes de péché. Ses paroles, très simples, pénètrent dans les consciences comme des flèches enflammées. Depuis le jour de sa conversion, il est rempli de l’Esprit; il grandit sans cesse en puissance et en grâce devant Dieu et devant les hommes.
Il semblait que tout l’enfer s’était ligué contre le prédicateur lors de la première réunion tenue par les intercesseurs de Lewis dans cette petite île de Berneray Harris. L’atmosphère était froide; il n’y avait aucun écho de la part des auditeurs. Le texte choisi par Campbell était: "Et toi Capernaüm, qui as été élevée jusqu’au ciel, tu seras abaissée jusqu’au séjour des morts" (Luc 10:15). Au milieu de la prédication, il s’arrêta et demanda à Donald Smith de prier. En une supplication intense et fervente, celui-ci répandit son cœur devant Dieu, en lui rappelant ses promesses. Il pria pendant une demi-heure pour les habitants de l’île, louant Dieu de ce qu’il exauce la prière de ses enfants. Subitement, il sembla que le ciel se déchirait: l’Esprit de Dieu descendit sur l’assemblée comme à Pentecôte, se manifestant de la même manière qu’à l’île Lewis. Tout l’auditoire tomba sur sa face devant Dieu, et beaucoup s’écroulèrent sans force sur le sol.
Ce qui caractérisait ce mouvement, c’est que l’Esprit de Dieu agissait dans toute la localité et ses environs. Partout des gens étaient convaincus de péché: athées, buveurs, chrétiens superficiels, instituteurs dans leurs classes, pêcheurs de harengs furent saisis d’effroi, au large de la baie. Tous se sentirent irrésistiblement poussés à se rendre à l’église pour y trouver le soulagement de leur âme. En peu de temps, les collines entourant la maison de Dieu furent noires de monde; de toutes parts on venait à la réunion!
"Lorsque je sortis de l’église", écrit Campbell, "je rencontrai des hommes saisis par la crainte de Dieu; ils se prenaient par le bras en tremblant et en pleurant. La petite île de Berneray Harris vit de la fabrication du fameux drap dit "Harris Tweed". Mais, ce jour-là, le travail fut suspendu, et toute l’île ne fut plus préoccupée que d’une seule chose: chercher Dieu! Le jour suivant, je prêchai de midi à trois heures du matin; le surlendemain, je parlai huit fois de suite. Le Saint-Esprit me donnait des messages venant directement du ciel, et sa présence était sensible à tous. Physiquement, je me sentais merveilleusement soutenu".