DIEU NOUS «RÊVE» LIBRES ! (fin)
Par Pierre-Yves Zwahlen
Texte Biblique : Jean 10
IV-LA BERGERIE DE L’IGNORANCE
II est parfois dangereux d’apprendre ! Ce que nous ne connaissons pas ne nous dérange pas et il est plus facile d’appréhender un monde étroit et exigu qu’un univers en constant développement. C’est vrai que l’étude peut nous donner des vertiges. A vouloir trop savoir, ne risquons-nous pas de ne plus rien savoir ? Le doute ne va-t-il pas remplacer la foi ?
Nous brandissons comme bonne raison pour ne pas nous engager, pour ne pas accomplir le pas de foi que le Seigneur attend de nous. «Je ne peux pas Seigneur, je suis timide, je suis malade, je ne sais pas parler, je ne suis pas musicien, j’ai un sale caractère, je n’ai pas le don du contact… »
Mes défauts, mes faiblesses, mes manques de toutes sortes ne devraient jamais constituer un obstacle à l’avancement du Royaume de Dieu. Dans l’histoire de son peuple, nous constatons que le Seigneur n’a jamais utilisé des êtres parfaits. Moïse ne savait pas parler, David avait ses lâchetés, les disciples étaient peu instruits, souvent lents à comprendre, colériques inconstants, inutilement héroïques, trop enclins à la
peur ; et, pourtant, ce sont eux que Dieu a choisis pour proclamer le message de l’Evangile. S’il existe un point commun à tous ces serviteurs, c’est bien leurs défauts qu’ils ont remis à leur Maître en s’engageant à le suivre et à lui obéir en ne comptant pas sur eux, mais sur lui ! Cette prise de position spirituelle est souvent un véritable acte de délivrance et de renaissance. A la base de tout acte de délivrance il y a, de notre part, un pas de foi nécessaire. A l’intérieur de la « bergerie », nous sommes dans l’univers bien connu de ce que nous pouvons faire et de ce que nous savons ne jamais pouvoir réaliser. A l’extérieur, tout est différent. Ce n’est plus ce que je fais qui est déterminant, mais ce que Dieu est ! Car la force qui m’anime n’est plus ma force, mais la puissance du Saint-Esprit. En sortant de la bergerie, j’accepte de ne plus faire ce que je sais faire, mais d’accomplir ce que Dieu peut faire.
V-LA BERGERIE DE NOS CHAPELLES
Nous pourrions poursuivre encore très longtemps cette énumération de nos « bergeries ». Combien de chrétiens ont paniqué un jour ou l’autre sur leur chemin d’étude de la Parole alors que les rivages paisibles des calmes certitudes avaient fait place aux hypothèses sans nombre, aux pistes de réflexions multiples, ouvrant sur des horizons sans point de repère. S’il faut du courage et de l’audace pour étudier, pour remettre en question ce que l’on a toujours cru savoir, il faut aussi un bon guide ! Si Jésus est notre berger dans cette aventure, nous en sortirons enrichis. La peur que nous affrontons est la preuve que nous acceptons de lâcher ce que nous tenons, pour nous saisir d’une certitude nouvelle. Un tel pas de foi engendre la peur, c’est normal, car le risque est réel, mais comment progresser autrement ? Nous sommes, un peu dans la position de l’alpiniste qui, à chaque nouvelle prise, doit abandonner l’ancienne, risquant ainsi de rompre le fragile équilibre qu’il possédait. Le propre du croyant est d’être un voyageur qui marche à la suite de Jésus. II n’y a aucune bénédiction dans l’arrêt. Le troupeau qui demeure trop longtemps au même endroit épuise sa pâture. II ne suffit pas de sortir de la bergerie, il faut encore marcher en comptant, non pas sur nos forces ou sur nos capacités, mais sur l’amour et la tendresse prévenante de Jésus notre berger. » Le voleur ne vient que pour dérober, égorger et détruire ; moi, je suis venu afin que les brebis aient la vie, et qu’elles l’aient en abondance » (Jean 10 : 10).
VI-LA BERGERIE DE NOS DÉFAUTS
La notion positive que nous accordons à la bergerie nous en donne une image paisible et rassurante alors que dans nos existences elle peut revêtir des formes bien moins séduisantes et, dans bien des cas, la parole de Jésus : « Je les ferai sortir » sonne davantage comme un appel à la libération que comme une invite à la promenade ! Une des « bergeries » les plus subtiles que nous ayons à affronter est celle de nos propres faiblesses. Souvent nos défauts sont la dernière excuse que «Mais celui qui entre par la porte est le berger des brebis. Le portier lui ouvre, et les brebis entendent sa voix ; il appelle par leur nom les brebis qui lui appartiennent, et il les conduit dehors. Lorsqu’il a fait sortir toutes ses propres brebis, Il marche devant elles ; et les brebis le suivent, parce qu’elles connaissent sa voix. »
(Jean 10 : 3-5)
Permettez-moi d’en mentionner encore une dont l’importance est déterminante pour la vie de l’Eglise et a agi, durant toute l’histoire de la chrétienté, comme une force sclérosante. Je veux parler de la « bergerie de nos chapelles ». Je sais, « il » ne sait pas ! J’ai trouvé la voie, « il » tâtonne dans l’erreur ! Chez nous c’est riche, « chez eux », c’est pauvre ! Ce genre de déclarations ou de réflexions fait malheureusement partie d’un certain « discours ecclésiastique ». Là où il devrait y avoir unité, il y a trop souvent affrontement. Que de suspicions, que de peurs de l’autre alors qu’il devrait y avoir entre nous cette unité de l’Esprit qui sanctifie nos différences, les transformant en une sainte complémentarité, image de la glorieuse pluralité du Père.
Ne laissons pas ce qui nous divise détruire ce qui nous unit ! II est temps de sortir de la chapelle de nos orthodoxies, de nos petites révélations personnelles, pour rejoindre le troupeau dont Christ est le berger. Ne perdons jamais cette réalité de vue : Jésus est le berger. Lui seul a le pouvoir de nous conduire dans les bons pâturages. Lui seul doit être notre guide. A l’extérieur de nos chapelles nous trouverons un monde qui cherche désespérément, et souvent sans le savoir, le message libérateur de l’Evangile. A l’extérieur de nos chapelles, nous trouverons de nouvelles raisons de vivre dans l’unité, l’union au Christ le bon berger.
Le message est lancé, peut être l’avez-vous reçu ! Si c’est le cas, il ne prendra vraiment son sens qu’à deux conditions : que vous le mettiez en pratique dans votre vie, laissant le Seigneur devenir réellement
et concrètement votre berger et le garant de votre sécurité et de votre liberté ; et, secondement, que vous proclamiez ce message autour de vous, dans votre cercle d’amis et de fraternité. N’oublions pas que notre rôle ne consiste pas seulement à recevoir les bénédictions du Père, mais encore à les répandre autour de nous.
1 Jean 4 : 20
2 Galates 5 : 1.
CONCLUSION :
Une des images très parlante que la bible emploie pour illustrer la relation entre les disciples et leur maître, est celle du berger avec ses brebis (Jean 10, Ps 23). Le berger prend soin de ses brebis, il les conduit, il pourvoit à leurs besoins, il leur apporte la sécurité, il les connaît par leur nom, il les chérit,… Dans cette allégorie nous retenons habituellement ce que le berger fait pour ses brebis et tout ce qu’il leur apporte.
Ceci est juste et bien, car c’est bien le message premier de la métaphore.
Toutefois, ces promesses et ces encouragements ne doivent pas nous faire oublier que nous avons aussi notre part à faire. Le maître a des attentes et des exigences à l’égard de ses disciples.
Si l’homme ne peut pas faire la part de Dieu, Dieu ne veut pas faire la part de l’homme.
Nous sommes mis en garde contre des ornières, des pièges, des enclos qui peuvent nous enfermer.
Nous sommes aussi encouragés à entrer activement dans les transformations que le maître souhaite opérer en nous, et à coopérer avec lui, quand il veut nous utiliser.
QUE DIEU VOUS BENISSE.